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trer, quelque priere que lui en fit Monsieur, lui di­sant : a Je connois le peuple de Bourges si mal affec-u tionné à ceux de ma religion, jque j'ai peur d'y « troubler la feste, pource qu'entre tant de peuple il se «c pourra trouver quelque coquin qui, faisant semblant «t de viser ailleurs, me donnera dans la teste. Le -co­te quin seroit pendu, mais cependant le prince de Condé « mort. Je vous prie, monsieur, que je ne fasse pas «r pendre des coquins pour l'amour de moy. »
En ce même tems encor, M. Scorcel, jadis conseiller du parlement de Paris, et des plus renommez en son etat pour sa justice et sa doctrine, fut tué d'une pis-tolade à la teste, à Valbourgeon en Sologne, comme il se pourmenoit avec mademoiselle Bagneux sa sœur, par un nommé Duchesne, entremetteur des affaires de M. Juranville. Ce Juranville étoit un gentilhomme huguenot qui avoit épousé la fille de la femme dudit Scorcel, et qui avoit surpris des lettres que sa Jbdpne écrivoit audit Scorcel, par lesquelles elle le conJaVoit de la tirer, par poison ou autrement, de la peine elle étoit : tellement que si Dieu n'y eût remédié à l'heure, il y auroit eu grand danger qu'on eût conjoint un meurtre à un inceste; car ledit Scorcel avoit de­laissé Dieu jusqu'à abuser, ainsi qu'on disoit, de sa belle-fille. Il vécut, après sa blessure, deux ou trois jours, pendant lesquels il ne^ cessa d'implorer la mise­ricorde de Dieu.                 •■
Le lundy _i3 juillet, le cardinal de Bourbon, arche­vesque de Rouen, étant accompagné de plusieurs di­gnitez et chanoines de son eglise, et précédé de sa croix archiépiscopale, alla au lieu les huguenots faisoient leur presche en ladite ville, suivant la per-